Histoire de la réflexologie

Historique des différentes réflexologies utilisées lors d'une séance de réflexologie combinée

Joséphine Renard

9/21/20237 min read

En réflexologie combinée, j’utilise plusieurs techniques différentes. La séance commence toujours par la réflexologie faciale (Dien Chan) en poursuivant par la réflexologie auriculaire. La raison est que ces deux techniques répondent à la régulation d’un symptôme. Pour que les effets obtenus durent dans le temps, je termine par la réflexologie palmaire ou plantaire qui correspondent à une régulation du corps dans sa globalité. Dans de plus rares cas, les quatre techniques seront utilisées au sein de la même séance.

Comment et depuis quand ces techniques sont apparues ? C’est ce que je vous propose de vous expliquer aujourd'hui. Dans cet article en revanche je ne suivrai pas l’ordre dans lequel j’utilise les techniques dans mes séances. Je vais commencer par la réflexologie plantaire et palmaire car ce sont les plus anciennes et que ce sont un peu grâce à elle si les chercheurs ont exploré d’autres parties du corps pour trouver d'autres correspondances réflexologiques.

La réflexologie plantaire ou devrions-nous plutôt dire podale car la réflexologie ne se résume pas seulement à travailler la voûte plantaire mais l’ensemble du pied, est donc potentiellement la plus ancienne technique utilisée. Un relief de Saqqarah datant de la VIème dynastie environ 2374-2140 av JC montre un thérapeute en train de pratiquer une séance de réflexologie sur quelqu’un. Le British Museum est parvenu à déchiffrer le hiéroglyphe « Ne me fais pas mal dit le patient. » « Je ferai en sorte que tu me félicites » répond le thérapeute. On pense néanmoins qu’elle remonterait à l’existence de la médecine traditionnelle chinoise c’est-à-dire à plus de 3000 ans av JC sans que des témoignages ne soient parvenus jusqu’à nous. En Inde, on a retrouvé des planches gravées en bois datées de 500 av JC indiquant la correspondance entre la plante des pieds et les organes et on sait que certaines tribus primitives d’Afrique connaissaient bien la réflexologie. Enfin les Incas l’auraient aussi transmises aux Indiens d’Amérique du Nord au 15ème siècle de notre ère. Donc une technique pratiquée quasiment depuis toujours aux quatre coins du monde.

En Occident, les plus anciens écrits sur les zones réflexes remontent à la fin du 16ème siècle. En 1916, un ORL, le Docteur Fitzgerald affine les connaissances dont on dispose à l’époque et met en place la théorie des zones longitudinales. Chaque pression exercée dans une zone a un effet sur toute la partie du corps se trouvant dans cette zone longitudinale. Ex : l’épaule, la hanche et le genou se retrouve sur une seule et même ligne verticale sur le pied. Il faut imaginer le corps découpé en plusieurs tranches partant de la tête aux pieds. Son collaborateur le Dr Joe Shelby Riley et la physiothérapeute Eunice Ingham ont poursuivi les recherches en 1925 et étendent l’utilisation de cette technique à tous les soins thérapeutiques et pas uniquement au caractère analgésique de la réflexologie. Eunice Ingham se concentre sur les pieds, Joe Shelby Riley sur la bouche. En 1938, Eunice Ingham crée une série de planches et deux ouvrages. Elle est à l’origine de la première école de formation consacrée à la réflexologie podale. Son neveu poursuit toujours l’enseignement aujourd’hui.

A partir des travaux d’Eunice Ingham, en 1960 Doreen Bayly en Angleterre oriente ses travaux sur les correspondances entre les membres. En Allemagne, c’est Hanna Marquardt qui met au point la théorie des zones transverses, un autre « découpage » du pied. Cette fois ci, il faut voir le corps découpé en tranches de manière horizontale.

Aujourd’hui, les grandes théories de la réflexologie sont expliquées par des travaux en neurophysiologie. Les plus brillants sont répertoriés dans l’ouvrage Bases neurologiques des réflexologies du Dr J. Bossy (professeur à la faculté de médecine de Montpellier) en 1975 ou le Traité théorique et pratique de podoréflexologie de l'ostéopathe et masseur-kinésithérapeute Roland Fietta en 1999. Plus récemment encore Jean Paul Barbier combine la réflexologie plantaire et l’énergétique chinoise. La réflexologue anglaise Lynne Booth, quant à elle, a mis au point la réflexologie verticale utilisant le poids du corps pour mettre en évidence d’autres zones réflexes. De nos jours, Madeleine Turgeon, Mireille Meunier, Dr Martine Faure Alderson ou Christine Bretin poursuivent les recherches pour faire évoluer la réflexologie. Il faut noter aussi les nombreuses recherches menées par les ostéopathes qui contribuent encore à améliorer nos connaissances.

La réflexologie palmaire a suivi la même évolution dans le temps et dans le monde que la plantaire. Le relief de Saqqarah précédemment évoqué montre d’ailleurs que des thérapeutes travaillent aussi bien les pieds que les mains. Son application est un peu différente dans le sens où la partie palmaire de la main est plus petite que celle des pieds. Les zones réflexes sont donc plus petites, il est plus difficile d’avoir un travail de précision. Elle n’en est pas moins efficace au contraire, notamment sur l’insomnie, l’anxiété, la nervosité et l’hyper douleur. Elle est très utile lorsque l’on ne peut pas travailler le pied, très relaxante et permet un rééquilibrage de l’ensemble des fonctions du corps. Elle est adaptée aux enfants et aux personnes âgées car la prise en main reste depuis toujours une façon symbolique de prendre en charge une personne.

La technique de la réflexologie auriculaire est pratiquée sans aiguille à la différence de l’auriculothérapie qui elle, utilise des aiguilles et dont la pratique est médicale et donc uniquement autorisée aux médecins, sages-femmes, dentistes et vétérinaires. La réflexologie auriculaire reprend les mêmes principes que l’auriculothérapie mais peut être exercée par tout public. On pense que les Egyptiens avant notre ère prenaient en charge des douleurs par les oreilles et que l’acupuncture utilise depuis toujours des points localisés sur les oreilles. Tour à tour au fil du temps, la technique tombe en désuétude pour revenir sur le devant de la scène puis disparaitre à nouveau. Plus proche de nous, les pirates portant tous une boucle d’oreille sont peut-être la trace d’une utilisation des points réflexologiques de l’oreille. La boucle d’oreille passait par la zone réflexe de l’œil et améliorait la vue des pirates.

Il faut attendre les années 50 pour que des recherches soient vraiment effectuées à son sujet. Le Dr Paul Nogier à Lyon a voulu en savoir plus sur cette technique. Il remarque que de plus en plus de ses patients affirment ne plus souffrir de sciatique grâce à une guérisseuse qui cautérisait toujours un même point sur l’oreille. Il en déduit que ce point innerve la 5ème lombaire et petit à petit, il découvre le trajet de la représentation réflexe de la colonne vertébrale sur l’oreille. La colonne vertébrale étant dessinée à l’envers sur l’oreille après de longues recherches il réalise que l’oreille représente un fœtus inversé car il découvre toutes les autres zones réflexes du corps.

Ainsi, l’embryologie (développement du fœtus) devient la science sur laquelle se base la réflexologie auriculaire pour prendre en charge les dysfonctionnements du corps humain. En effet, dans le ventre de notre mère, nous nous sommes développés en suivant exactement les mêmes étapes. L’oreille a suivi un développement parallèle au fœtus et chaque partie qui la compose s’est formée en même temps qu’un tissu embryologique. Lors du développement de l’endoderme (viscères) la conque de l’oreille apparait, lors du développement du mésoderme (squelette, musculature, peau, reins, sang) l’anthélix de l’oreille se développe également. Enfin au moment du développement du cerveau, du système hormonal, le lobule de l’oreille est créé. Lorsque la peau et la moelle épinière se développent, l’oreille termine son développement pour avoir sa forme totalement aboutie. Ainsi, le réflexologue s’interroge à chaque séance à quel tissu embryologique le problème rencontré correspond et il sait sur quelle partie de l’oreille il va devoir travailler.

Dans les années 70, un acupuncteur, le Pr Bui Quoc Chau fait des recherches sur les zones réflexes du visage. En effet, il réalise que le visage n’a pour l’instant jamais fait l’objet de recherches réflexologiques. Un ouvrage de faciomancie conservé à la BnF et datant du Xème siècle (pour en savoir plus https://essentiels.bnf.fr) montre peut-être les premières observations de la forme du visage pour soulager le corps. Ce professeur a basé toutes ses recherches sur l’observation du visage et des ressemblances des parties du visage avec des parties du corps. Après avoir découvert une grande quantité de points sur le visage donnant des résultats très intéressants pour gérer des douleurs ou des émotions, il a inventé les petits instruments qui permettent de stimuler ces points sans aiguille. La réflexologie faciale ou Dien Chan était né et pouvait être pratiqué aussi par tout public. Pour mieux connaître cette technique, je vous invite à lire mon précédent article "L'invention du Dien Chan"

C’est la technique qui évolue le plus aujourd’hui. Elle est étudiée par des médecins en Europe et Asie pour peut-être à terme l’introduire dans le système de santé européen.

La réflexologie combinée permet aujourd’hui au réflexologue de proposer des protocoles le plus personnalisé possible à l’instant T de la séance offrant ainsi une séance sur mesure pour le client.

Reproduction du relief du tombeau des médecins de Saqqarah, VIème dynastie

Eunice Ingham 1889-1974

Paul Nogier (1908-1996)

Bui Quoc Chau (né en 1942)

Traité de faciomancie, Chine, province du Gansu, Dunhuang, Epoque des Cinq Dynasties, vers 950, encre sur papier, BnF, dépt des manuscrits